Avec ses 25 ans d’expérience sur le marché du travail et du recrutement, Bénédicte Tilloy est sans aucun doute une référence en management et en ressources humaines. Quand elle accepte de nous rencontrer, nous sommes enchantés. Dirigeante et membre du comex à la SNCF, salariée d’une startup (dans cet ordre là), cheffe d’entreprise, aquarelliste, Bénédicte Tilloy donne l’impression d’être capable de tout faire en même temps.
C’est un adage qui illustre parfaitement le parcours inspirant de Bénédicte Tilloy. Après 27 ans en tant que dirigeante, DRH et membre du comex à la SNCF, elle a su se réinventer en intégrant une startup et en se formant aux nouvelles technologies, en 2017, à la Singularity University, une formation dans lequelle une centaine de dirigeants du monde entier se retrouvent abreuvés de nouvelles technologies. Elle a ainsi exploré l'intelligence artificielle et les nouvelles technologies. “Il fallait que je me réinvente absolument”.
Son parcours nous rappelle vraiment qu’apprendre est un processus continu, tant elle ne prend rien pour acquis et cherche en permanence à se renouveler. Elle nous raconte les premiers jours dans l’incubateur : “Le premier jour on m’a dit on t’a acheté un ordinateur, je savais pas m’en servir. J’étais une quiche totale sur plein de choses. Un peu une caricature”.
Mais elle apprend très vite, en partie grâce à son entourage. “Le fait d’apprendre, c’est intéressant. Je suis fière d’avoir progressé très vite”. Rien n’est définitif quand on a envie d’évoluer, et son histoire nous démontre que ni l’âge ni l’expérience ne sont des freins à la réinvention de soi, tant qu’on garde justement cette envie d’apprendre.
Mon départ de mon entreprise je pars d’une je suis très reconnue je pars parce que j’ai une trouille absolue de me retrouver au placard. Je suis queqlu’un qui est reconnue je soupconne qui va u avoir un discours enveloppant sur le fait qu’on a besoin de moi et derrière qu’est-ce qu’on va bien faire d’elle; J’ai été du coté de ceux qui ont trouvé des solutions
Bénédicte Tilloy a choisi de changer complètement de plan. Après 27 ans passés à la SNCF, elle s’est lancée le défi d’intégrer une startup : "J'ai été par esprit de contradiction choisir le plus loin de moi, les vieux ne savent pas se servir du numérique, très bien, je vais essayer ça.".
Pourquoi partir après 27 ans ? Elle avait “la trouille absolue de se retrouver au placard. Je ne voulais pas qu’on se demande ce qu’on allait faire de moi”.
Quand on lui demande ce qui a été le plus dur pour elle dans cette reconversion, elle nous répond que c’est de renoncer au pouvoir. “Le pouvoir donne la possibilité d’avoir de l’impact, et je ne voulais pas renoncer à ça.”. Pourquoi ? “Quand on a de l’impact, on a de l’enthousiasme”.
Qu’à cela ne tienne, elle a cherché à avoir de l’impact, mais autrement. Pari réussi. “Quand j’ecris sur welcome et que je suis parmi les articles les plus lus de l’année, je me suis dit cocotte tu as de l’impact.”. Parce que de l’impact aujourd’hui, elle en a vraiment. Chroniqueuse entre autres pour Les Échos, Experte du Lab de Welcome to the jungle, écrivaine, enseignante à Sciences Po, et suivie par plus de 17000 personnes sur Linkedin, elle est sans aucun doute une des voix qui compte aujourd’hui.
Sujet d’actualité, on parle de la réforme des retraites. “J’ai l’impression que les gens sont vieux et qu’ils ne veulent plus travailler”, nous dit-elle. “Moi j’ai beaucoup bossé dans ma vie, ça j’en ai parfaitement conscience”. Elle plaide en faveur d'un équilibre plus harmonieux entre vie professionnelle et vie personnelle.
Bénédicte reconnaît avoir énormément travaillé, au point de ne pas dormir la nuit et de se priver de moments de détente : "J'arrêtais jamais, je me suis gâchée la vie. 40 ans à bosser, mais en fait, 40 ans à vivre." Mais elle est fière de ce qu'elle a accompli, bien qu’elle se demande si elle referait les mêmes choix aujourd'hui : "Les arbitrages que j'ai faits correspondent à une génération et à une manière de vivre. Ils sont le fruit d'une époque, d'une attention. Il n'y a pas de vérité absolue sur ces questions-là, et ça bouge.". Justement, ce sont ces questions sur lesquelles nous travaillons aujourd’hui. C’est en questionnant cette relation que nous avons au travail qu’on peut repenser nos priorités et l’équilibre entre les différentes sphères de notre vie. Tout ça pour s’épanouir pleinement.
Questionner notre relation au travail, ça passe aussi par questionner nos relations de travail. Aujourd’hui elle codirige une startup avec une personne plus jeune : “J’amortis plein de choses, je lui dis quand il ne faut pas dire les choses comme ça ou comme ça. Mais je suis admirative de son talent et de son ambition”. Le secret ? Le dialogue permanent. “D’un autre côté, il me dit heureusement que tu es là”. L’intergénérationnalité nous sauvera.
Avec toute cette expérience, il parait naturel pour Bénédicte de transmettre pour encourager les autres à oser : "Quand on a autant vécu, il paraît naturel d'avoir envie de transmettre. Il y a toujours une place pour les gens qui osent.". On lui dit merci.