Sophie Dancourt

Pourquoi elle nous inspire ? Elle crée un espace pour les voix souvent ignorées.

Un peu de contexte pour commencer. Quand on a commencé à réfléchir au projet RE, on a parlé à beaucoup de personnes de +45 ans. Un constat m'a profondément marquée : une grande majorité de femmes soulignaient l'invisibilisation  dont elles étaient victimes à partir de 50 ans. C'est au cours de mes investigations sur cette problématique que j'ai découvert le média de Sophie, "J'ai piscine avec Simone".  J'étais impatiente de pouvoir en discuter avec elle. 

Après avoir fait ses armes en tant que journaliste chez VSD, Elle en région et dans la presse territoriale, elle a eu une prise de conscience majeure lorsqu'elle a dépassé la cinquantaine. « Les femmes deviennent invisibles en vieillissant, mais ce n'est pas une fatalité », m’explique-t-elle. 

C'est cette invisibilité qui l'a poussée à agir. Il y a six ans, elle décide de lancer  un média pour les femmes de 50 ans et plus. « Quand j'ai commencé, on me disait que ce n'était pas un sujet. », souligne-t-elle. Aujourd’hui, une femme majeure sur deux a plus 50 ans. Un vrai sujet, donc. 

Elle est très active sur les réseaux sociaux, notamment Instagram et LinkedIn. « Je suis un média de solutions. Mon sujet, ce sont les femmes actives. Si on ne règle pas le problème des femmes de 50 ans, on ne fait qu’amplifier les inégalités dans les années qui suivent.» Mais elle n’est plus seule. Et c’est une bonne chose d’ailleurs, ça veut dire que les choses changent. 

Et sur le marché du travail ? 

Elle parle d’évolution, mais pas nécessairement de révolution. Il a évolué, certes, mais les changements sont longs. « Je dirais qu'il y a plus une prise de conscience plus qu'un véritable changement. Une part d'affichage et de communication sûrement.» Elle souligne que les entreprises, souvent prises dans la frénésie du court terme, doivent élargir leur horizon et ne pas se contenter de la seule énergie de la génération Z pour propulser leur productivité.

Ses conseils professionnels pour les femmes de +50 ans sont précieux :

1. S'écouter : elle insiste sur l'importance de définir ce que l'on veut réellement.

2. Cultiver son réseau : elle souligne l'importance de cette démarche, tout en ajoutant avec humour : « Mais il faut commencer jeune, sinon c'est un peu comme apprendre à faire du vélo à 70 ans ». 

3. Valoriser ses compétences : il est essentiel de savoir quelles sont ses compétences, de ne pas avoir peur de les mettre en avant et de montrer son expertise. « Ne pas se dire qu'on doute. »

4. Se former en continu : « on peut se former tout le temps, à tout âge », affirme-t-elle.

5.Travailler son adaptabilité : dans un monde du travail en constante mutation, elle prône la flexibilité. « Il ne faut pas avoir peur de repenser les formes de travail. On peut passer au freelance, il faut être adaptable et flexible », conseille-t-elle. 

Elle m’a recommandé quelques lectures pour approfondir le sujet : Ashton Applewhite et son manifeste contre l'âgisme, Juliette Rennes avec son encyclopédie critique du genre, et Susan Sontag sur le double standard de vieillissement. Des classiques selon elle. 

Avec sa passion, son expertise et son engagement, Sophie Dancourt est sans aucun doute une voix forte et nécessaire dans le débat sur l'âgisme. Elle n'est pas seulement une observatrice, mais aussi une véritable actrice du changement.